The main objective of this conference is to examine the ethical and political questions raised by affective, moral and civic education. The conference explores five themes linked to affective, moral and civic education: it discusses (1) the role played by emotions and affects in civic and moral education; (2) the legitimate and just objectives of education; (3) the issues related to secularism at school; (4) the nature and aim of civic education; and (5) the topic of equal access to education.
Several ethical and political issues related to education stem from the fact that contemporary theories of democracy make two seemingly incompatible claims. The first claim asserts that the state has the mission to create citizens by providing individuals with an education to citizenship in order to foster their support of pubic institutions and to promote peace and social order. Hence, each individual must acquire certain civic virtues, such as tolerance or civility, certain skills, such as a capacity for critical deliberation, and, finally, a certain knowledge regarding society and science. The second claim is that a democratic state must be neutral with regard to the conceptions of the good embraced by its citizens. It must thus refrain from favouring or undermining any particular moral or religious conception and seek to mitigate the impact of systemic discrimination.
The school system is therefore the most important institution of the democratic apparatus to the extent that it enables the formation of future citizens and provides them with the knowledge and skills they need to posses in order to have equal opportunities to succeed. However, several tensions appear when we try to articulate the different requirements of democratic legitimacy regarding the school system. For instance, schools’ teachings may contradict the moral or religious beliefs of their pupils’ parents and can, consequently, seem to be at odds with the requirement of neutrality. Moreover, although the school system can be viewed as tool or the promotion of equality of opportunity, it can also have a tendency to reproduce inequalities from one generation to the other.
In addition to those ethical and political questions, civic and moral education also raises questions of moral psychology. We have to investigate the affective dimension of such an education in order to better understand the kinds of affects and emotions at play in the acquisition of civic virtues and ethical skills. One of the main areas of discussion in relation to those questions concerns the role of empathy in moral education. Empathy allows individuals to adopt others’ point of view, not in a theoretical and abstract way, but in a sensitive and concrete manner. It may thus facilitate the acquisition of certain civic virtues, such as civility, that incline citizens to participate in public deliberation by proposing justifications that are acceptable from the point of view of their co-citizens. The democratic state has an interest in the acquisition of such civic virtues by its citizens and it is thus imperative to inquire into the affective dimension underpinning them.
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L’objectif central de notre colloque consiste à examiner les enjeux moraux et politiques de l’éducation des enfants et des jeunes adultes en ce qui concerne les affects, les émotions et les vertus civiques que l’on estime désirables pour tout citoyen. Ce colloque explore cinq thèmes associés à l’éducation affective, morale et civique : il examine (1) le rôle des aspects affectifs de l’éducation dans l’éducation morale et civique; (2) les finalités justes et légitimes de l’éducation; (3) les enjeux de la laïcité à l’école; (4) la nature et les finalités de l’éducation civique et (5) la question de l’accès équitable à l’éducation.
Une grande part des enjeux éthiques et politiques de l’éducation découlent du fait que l’on admet généralement dans les théories contemporaines de la démocratie deux postulats dont l’articulation pose problème. Le premier postulat est que l’État a pour mission d’éduquer les individus à la citoyenneté afin qu’ils soutiennent les institutions publiques et maintiennent les conditions de la paix civile. Les individus doivent ainsi acquérir certaines vertus, comme la tolérance ou la civilité, mais aussi des compétences comme la réflexion critique et enfin des connaissances sociales ou scientifiques. Le deuxième postulat est que l’État démocratique doit rester neutre à l’égard des conceptions de la vie bonne des citoyens. Il doit ainsi s’abstenir de favoriser ou de défavoriser une conception morale ou religieuse, et essayer de corriger les effets de discrimination systémique.
Le système scolaire constitue alors l’institution la plus importante du dispositif démocratique dans la mesure où elle permet de former les futurs citoyens dès leur plus jeune âge et de leur donner les compétences et les connaissances qui égalisent leurs chances de réussite dans la société. Cependant, plusieurs tensions apparaissent quand on analyse l’articulation des différentes exigences de la légitimité démocratique. En effet, l’enseignement scolaire est susceptible d’entrer en conflit avec l’exigence de neutralité de l’État en heurtant les convictions morales et religieuses des parents. En outre, si l’école peut être comprise comme une institution qui réalise l’égalité de chances, elle peut aussi avoir tendance à reproduire les inégalités d’une génération à l’autre.
En plus de ces questions morales et politiques, l’éducation morale et civique soulève des questions de psychologie morale. On se questionne notamment sur la dimension affective d’une telle éducation et sur la nature des affects et des émotions qu’elle mobilise. Un des principaux objets de discussion est le rôle de l’empathie dans l’éducation à la moralité dans la mesure où elle permet aux individus d’adopter le point de vue d’autrui non pas de manière théorique et abstraite, mais de manière sensible et concrète. Ceci est de nature à faciliter l’acquisition de certaines vertus, comme la civilité, qui disposent les citoyens à participer à la délibération publique en proposant à leurs concitoyens des justifications acceptables de leur propre point de vue. Puisque l’État démocratique a un intérêt supérieur à voir les individus développer ce genre de vertus, il convient d’examiner précisément les dimensions affectives qui sous-tendent les vertus civiques.